Indonésie: les forçats du soufre

Sur la partie est de l’île indonésienne de Java, à 2148 mètres d’altitude, le cratère du volcan Kawah Ijen abrite l’une des solfatare (dépôt de soufre) la plus active du monde ainsi qu’un lac censé être le plus acide au monde.
Le minerai de soufre issu de cette solfatare est exploité par les habitants des villages environnant le Kawah Ijen.
Sortant à l’air libre à l’état liquide, le minerai de soufre refroidit et est extrait à la barre à mine, puis chargé dans un système de paniers porté à dos d’homme. Chaque chargement pèse de 70 à 100 kilos.
Après la remontée du cratère sur un sentier rocailleux, les mineurs descendent trois kilomètres jusqu’à la localité de Paltuding (1850 mètres d’altitude), où ils déchargent, après l’avoir pesé, le minerai dans des camions. Le minerai est ensuite convoyé dans une usine où il est transformé à l’état liquide, puis étalé à même le sol pour le conditionner en plaques.
Le soufre sert à de nombreuses applications industrielles (notamment le blanchiment du sucre ainsi que le renforcement du caoutchouc – phénomène de la vulcanisation).

En raison de l’effort fourni et des conditions très difficiles dans le cratère (émanations des fumerolles et du lac acide), les porteurs de soufre travaillent généralement 15 jours puis passent les 15 jours suivants dans leur famille. Leur espérance de vie moyenne est de 45 ans, contre 69 ans pour les hommes en Indonésie.

Si le salaire est supérieur au minimum indonésien (un mineur peut espérer gagner l’équivalent d’un millions de roupies par mois -80 euros-, contre 673 000 roupies -53 euros- au niveau national), les conditions de travail sont tellement dures que ce gain financier ne rattrape pas l’enfer dans lequel évoluent ces hommes.